Coeur et thyroïde

 Nul besoin de le répéter, un dysfonctionnement thyroïdien, que ce soit une hypothyroïdie, une hyperthyroidie, une maladie auto-immune, ou une ablation de la thyroïde, va jouer directement sur le coeur et le système cardio-vasculaire. En clair, c’est la galère et peu de personnes échappent à un moment à un de ces symptômes. Lorsque l’on détecte un souci de thyroïde en milieu hospitalier, c’est souvent en lien avec le coeur. 

« L’association entre hypothyroïdie et athérosclérose est connue de longue date. Une première description de cette association a été réalisée dans les années 1960. Il s’agissait d’une étude autopsique qui retrouvait des atteintes coronariennes d’athérosclérose plus importantes chez les patientes hypothyroïdiennes . » Ce n’est donc pas nouveau, et pourtant, peu de médecins généralistes font le rapprochement, ce qui est dommage, car en général, c’est le médecin de famille que le malade va voir en premier. Seulement, au début d’un souci de thyroïde, il n’est pas systématique de voir la tsh « augmenter ou baisser ».

Est-ce plus grave en hypothyroïdie ou en hyperthyroïdie demandent souvent nos adhérentes ?

Il n’y a pas de degrés de gravité. Ce n’est pas un concours. 

Le coeur est un muscle, certainement le muscle le plus résistant du corps humain, et comme tous les muscles, il a besoin d’oxygène pour fonctionner. Malheureusement, un dysfonctionnement thyroïdien peut trop souvent le dérégler.

Dans le cas d’une hyperthyroïdie, le corps s’accélère, car l’hormone thyroïdienne déverse trop d’hormones dans le corps, alors le coeur va s’emballer, parfois à l’extrême. On pourra voir des rythmes cardiaques de 120 battements /minutes au repos, et en activité à plus de 170. On imagine sans peine qu’à une telle vitesse, le corps fatigue. Le malade va ressentir des palpitations, qui pourront aller jusqu’à des malaises vagaux. Le plus gros problème reste qu’une augmentation trop fréquente de la tension artérielle.

Les problèmes de tension trop haute existent également dans une hypothyroïdie ou après une ablation de la thyroïde. C’est toute la complexité de cette pathologie.

Pour mieux expliquer le phénomène, rappelons qu’une jstimulation prolongée de la contraction du coeur peut causer une élévation de la tension artérielle appelée hypertension systolique. Normalement, la tension artérielle diastolique, c’est-à-dire celle dont le chiffre est le plus bas, n’est pas plus élevée. La contraction accélérée du coeur, qui entraîne un débit cardiaque accrue, fait qu’on peut aisément sentir le pouls au poignet et contribue à la chaleur moite des mains. En cas de problème de thyroïde, ce second chiffre sera souvent « plus élevé »


Il est évident que ces soucis thyroïdiens peuvent conduire à l’extrême à une insuffisance cardiaque ou une angine de poitrine. Il est important donc de tout faire pour bien stabiliser sa thyroïde, non sans oublier que les normes sont différentes selon les cas. En clair, une thyroïde à 0,6 sera de l’hyperthyroïdie avec un simple dérèglement, alors que ce sera une norme de confort avec Hashimoto ou pour certains malades à qui on a enlevé la glande.

Donc ne jamais conseiller à une personne une attitude selon son propre ressenti. Une norle dite en hyperthyroïdie pourra être mal vécue par une personne et accepter comme une bénédiction par une autre tout simplement parce que chacun a sa norme de confort.


En hypothyroïdie, on a tendance à parler de rythme cardiaque ralenti et d’hypotension. Il n’en est rien. Beaucoup de malades en hypo ont de nombreuses extrasystoles, et peuvent avoir des battements cardiaques plus rapides. Une hypothyroïdie prolongée cause des changements métaboliques dans l’organisme et peut produire une élévation du taux de cholestérol, et parfois une augmentation de la tension.

D’où le problème de prendre un traitement hypotenseur en cas d’hypertension. Si cette tension est liée à un souci d’hypothyroïdie, la tension se stabilisera avec un traitement équilibré. En cas extrême, on assistera à un épanchement péricarde. C’est heureusement très rare.

«  L’hypothyroïdie peut se présenter comme une atteinte isolée du cœur avec insuffisance cardiaque. Celle-ci peut-être fonctionnelle avec modification de l’activité et du métabolisme du muscle cardiaque : bradycardie sinusale, diminution de la force contractile, insuffisance cardiaque et troubles du rythme ventriculaire (rarement). Elle peut être liée à un épanchement dans les enveloppes du cœur (« péricardite ») : les bruits du cœur sont assourdis et il existe un gros cœur à la radiographie du thorax (« cardiomégalie ») associée à un « microvoltage » et troubles diffus de la repolarisation à l’ECG. L’échographie cardiaque permet de confirmer le diagnostic. »


Faut-il voir un cardiologue ? Un bilan cardiaque est toujours une bonne chose. Il est bon de surveiller avec un Doppler et une échographie cardiaque. Mieux vaut se rassurer ! Avec une maladie thyroïdienne, on préconise un bilan tous les trois ans. 

Faut-il prendre des bétas bloquant ? Une fois encore, on donne fréquemment des bétas bloquant lorsque le malade présente des extrasystoles ou un anxiolytique. Si cela rassure le malade, pourquoi pas ? Mais une fois encore, l’organisme retrouvera son rythme avec une thyroïde stabilisée et ces médicaments ont souvent des effets secondaires peu agréables. 


Dans tous les cas, ne pas rester sur les idées reçues. Les palpitations ne sont pas la panacée de l’hyperthyroïdie. 10% des hypothyroïdiens ont des palpitations, et c’est même un des signes qu’un malade habitué repère lorsque survient une thyroïdite.

Et surtout, une simple crise d’angoisse peut accélérer le coeur ! 


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Bon courage à tous les papillons

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