Thyroïde et grossophobie
Il faut en parler de ces problèmes de poids liés à un dysfonctionnement de la thyroïde. Nous vivons malheureusement dans un monde où la grossophobie existe. C’est terrible, mais une réalité. Les préjugés envers « les grosses » sont énormes et peuvent s’avérer destructeurs pour la personne discriminée. Et malheureusement, un dysfonctionnement thyroïdien, souvent une hypothyroïdie, va occasionner une prise de poids. ( parfois l’inverse se produit, mais c’est plus rare)
La thyroïde, nous ne le dirons jamais assez, est le métronome de l’organisme. C’est lui qui va rythmer notre organisme avec un peu plus d’hormones ou un peu moins. Ces dernières ayant pour mission de doper l’énergie de nos cellules ou de les ralentir. Lorsque le corps ne reçoit pas assez d’hormones, il va se ralentir, une fatigue va pointer son nez, le système digestif va être moins bon. La prise pondérale est en lien avec une accumulation d’eau qui s’installe ainsi qu’une diminution d’activité du métabolisme. On se retrouve avec des œdèmes, aussi bien au niveau du corps que du visage. La peau de ce dernier est souvent plus gonflée, plus épaisse en hypothyroïdie, donnant une impression de « face de lune ». L’hypothyroïdie va trop souvent faire grimper le stockage des graisses, et outre le poids ou verra apparaître de l’hypertension et de l’hypercholestérolémie. À cela s’ajoute souvent un dysfonctionnement dans les reins et une rétention d’eau, particulièrement en été. Vous l’avez compris, amis Papillon, n’hésitez pas à boire beaucoup.
Les malades de la thyroïde se heurtent souvent à des médecins ou des relations qui vont leur dire que la prise de poids n’est pas une fatalité. C’est juste oublié ce rejet des personnes en surpoids, rejet souvent inconscient et pourtant bien ancré dans notre société. Rien n’est pire pour une personne ayant pris des kilos avec un problème de thyroïde de s’entendre dire : « Cesse de te goinfrer ! Bouge ! »
Si c’était si facile, tout le monde serait filiforme ! Et puis, entre nous, la minceur est-elle vraiment synonyme de perfection ? C’est un autre débat …
Il n’en demeure pas moins, que l’arrivée de l’été va être source de souffrance. L’hiver, on peut se cacher sous des gros pulls, mais l’été, c’est une autre histoire !
Nous ne sommes pas égaux face à un dysfonctionnement thyroïdien. Certaines personnes suite à une ablation de la thyroïde ou une hypothyroïdie fruste ou d’Hashimoto vont prendre quatre ou cinq kilos ( la dite norme de prise de poids) alors que d’autres vont frôler les vingt kilos. Et pourtant, à catégorie égale, alimentation égale. Une question de génétique, d’hérédité dans cette prise de poids inconsidérée.
On comprend donc que le lien entre thyroïde et poids ne doit jamais être négligé, et pourtant seulement un médecin sur deux va en parler à son patient lorsque ce dernier vient se plaindre d’avoir trop grossi. Il serait pourtant si simple de faire simplement une vérification de la tsh pour éviter de culpabiliser la personne en lui donnant à penser qu’elle a trop mangé, que l’apéritif du dimanche en est la cause.
La lutte contre la grossophobie est primordiale, car il faut cesser cette pseudo culpabilisation. Non, la personne qui grossit ne se laisse pas aller. Non, il y a toujours des raisons à cette prise de poids soudaine, et surtout le malade a besoin d’aide et non de critiques.
Peut-on se sortir de ces kilos ?
Une bonne nouvelle, oui ! Mais avec du temps … et surtout cela va dépendre du dysfonctionnement. Une hypothyroïdie classique pourra perdre « facilement » alors que ce sera plus long et plus compliqué pour une thyroïdite d’Hashimoto. Une ablation de la thyroïde ne fera pas prendre des dizaines de kilos, mais pourra en ajouter quelques uns, d’où une vigilance alimentaire.
Ne pas négliger donc le traitement de substitution qui bien dosé permettra d’amorcer la perte. Des malades ont tendance à vouloir gonfler la dose pour frôler l’hyperthyroïdie. Avec Hashimoto, c’est souvent inefficace puisque les symptômes sont liés avec la thyroïdite et non une hypo ou une hyper. Donc prudence. Rappelons que dans les années 1990/2000, plusieurs médecins furent rayés par le conseil de l’Ordre car ils prescrivaient simplement du Levothyrox pour maigrir. Et même si c’était efficace au début, les dégâts cardiovasculaires furent terribles.
Donc une fois dans la norme de confort, manger sainement est indispensable. Ne pas hésiter à faire vérifier cholestérol, triglycérides qui grimpent avec ces pathologies. Dans ce cas, limiter les graisses si cholestérolémie et le sucre si triglycérides.
Après bien sûr, il faut bouger.
Est-ce qu’une personne faisant du 50 rentrera de nouveau dans du 36 fillette ?
J’ai envie de dire, tout dépendra de son âge, de la gravité de son dysfonctionnement. Plus les anticorps sont nombreux, plus ce sera difficile car les thyroïdites pouvant être fréquentes.
L’idéal est d’avoir un bon médecin qui va aider, booster, stimuler, mais on sait tous que ce n’est pas toujours le cas. Donc se tourner vers un nutritionniste, un psychologue ou un naturopathe peut aider. À la condition de ne pas aggraver son dysfonctionnement !
Dans tous les cas, rien n’est impossible, mais il faut y aller doucement et souvent par paliers. Et attendre, je le redis, d’avoir un fonctionnement redevenu « normal » simplement parce que sinon, volonté ou pas, ce ne seront pas des efforts durables. Le sport n’étant pas compatible pour tous avec ces dysfonctionnements thyroïdiens.
Dans tous les cas, ne pas oublier, une perte de poids rapide est rarement définitive ! Et surtout, chaque malade est différent. Ce qui est bon pour vous ne l’est pas nécessairement pour une autre personne.
Courage les Papillons 🦋 Deux petits kilos avant l’été peut-être un bon début !
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