La fatigue et les dysfonctionnements thyroïdiens

La fatigue, qui ne la connais pas, qui ne l’a pas ressentie dans ses tripes, qui n’a pas envie de la hurler à plein poumons ? La fatigue est le mal du siècle souvent mariée avec monsieur le stress. Le problème, avec un dysfonctionnement thyroïdien, cette fatigue fait souvent route avec une lassitude incontrôlée qui n’a plus rien à voir avec une simple fatigue. La fatigue thyroïdienne est difficile à porter. Elle s’invite sans autorisation, parfois avec violence. Un jour, tout va bien. Le malade est en pleine forme et va abattre une montagne de travail. Le lendemain, tout bascule. La fatigue est là, clouant au lit. Une fatigue suffocante, épuisante, déstabilisante. Une fatigue qui n’est pas comprise par les autres. 

La fatigue thyroïdienne est une plaie, car les autres ne la comprennent pas. Qui n’a pas un jour du supporter les remarques acides du style : « Tu es tout le temps fatigué ! », « Elle abuse ! Elle est encore jeune et elle ne tient pas la cadence ! »

Et la liste est longue.

Et pourtant, il faut le crier très fort, on ne choisit pas d’être malade. Bien sûr, comme le pensent de nombreuses personnes un dysfonctionnement thyroïdien est rarement une maladie mortelle, et c’est une bonne chose, c’est vrai, mais cela n’enlève pas le poids que chaque personne porte sur ses épaules. Le drame est que une fois cette maladie installée, c’est souvent pour la vie. 

Hashimoto, maladie avec qui je suis « maquée » depuis onze ans maintenant, qui est plus jalouse que mon propre mari, me tenant dans ses tenailles, revenant lorsque je m’éloigne. Dernièrement, une personne que je connais bien s’avéra surprise que je sois « encore » Hashimoto. Eh bien oui, cette maladie, je ne pourrais jamais en divorcer. Elle est mienne jusqu’à ma mort. Tel un amant volage, elle me laisse parfois en paix durant quelques mois, à tel point que j’en oublie son existence si ce n’est mes gouttes à prendre tous les matins. Et puis soudain, sans crier garde, sans me demander mon avis, elle débarque avec violence, n’hésitant pas à me mettre un bon coup de poing en pleine figure. C’est ce que l’on nomme une thyroïdite. Une inflammation soudaine. Qui va disparaître heureusement.

Je ne suis pas la seule à devoir supporter ces aléas, certainement pas la seule non plus à le vivre. Vous qui entendrez des bonnes âmes vous susurrer que ce n’est pas grave, que vous êtes une satané fainéante, qu’il faut bouger votre popotin et que tout ira bien, vous le vivez comme une injustice. 

Vous pensez que stabilisé, vous n’avez aucune raison de redouter un coup bas, pourtant il est bien là. Un matin, la fatigue vous terrasse, sans cogner à la porte, sans autorisation, vous avez envie de dormir, votre peau se dessèche, les yeux vous brûlent, l’angoisse vous saisit, la libido se ramollit ou à l’inverse, vous êtes sur les nerfs, avec le coeur qui tambourine, votre tsh jouant au yoyo même si les variations sont très faibles. Il en faut peu. Parfois une variation de juste 0,20 et tout part en vrille. Certains malades vont foncer faire une prise de sang, mais pour beaucoup, surtout avec le temps, on sait que c’est un passage obligé. Cela passera. C’est la vie avec un dysfonctionnement thyroïdien.

Pour les autres, cela passera inaperçu, peut-être si la personne est à l’écoute, elle percevra les cernes sous les yeux, les bâillements plus prononcés mis sur la fatigue classique, parfois un changement possible d’humeur, ou pas. Mais vous, vous savez, Hashimoto ou votre problème de thyroïde est bien là.

Les maladies thyroïdiennes ne sont pas dans la tête, ce sont des désordres endocriniens qui font souffrir, qui déstabilisent, qui peuvent se soigner, ou du moins alléger les symptômes, mais dans tous les cas, chacun est bien différent et il faut l’accepter. 

Tout en continuant à faire connaître ces pathologies, parce que c’est important pour le futur, c’est important pour l’avenir des jeunes générations, c’est important pour que les malades soient entendus.

Ensemble les Papillons 🦋 

Continuez à diffuser ce recueil afin d’ouvrir une brèche pour la reconnaissance des maladies thyroïdiennes.

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